Quand j'étais petit, j'allais souvent chez mes grands-parents les week-end et on y dormait souvent. La maison était au centre du village, à côté de l'église. Elle était en plusieurs morceaux et était en forme de U. Il y avait un portail noir en grillage triangulaire qui rentrait dans une cour carrée avec un terre-plein de fleurs au milieu, et il était prolongé par un mur sur la droite. Le bâtiment de gauche servait de débarras au rez de chaussée et au premier il y avait un petit studio. Le débarras servait à stocker les armes de chasse, un gros congélateur dans lequel ma grand-mère venait piocher dedans quand elle avait besoin, pleins de bocaux faits maison et diverses bricoles qui ne servaient plus à rien : des vestes, de la vaisselle et d'autres trucs inutiles.
Dans le bâtiment du milieu , en face du portail, il y avait le garage, au-dessus deux studios, une porte au fond au milieu, derrière laquelle se trouvait un couloir de 1,50m de large. C'était le long de la maison avec un mur en face sur lequel étaient posées des grosses plaques transparentes en plastique qu'on pouvait faire glisser pour ouvrir sur un petit jardin. Ma grand-mère entreposait là, l'hiver, les fleurs qu'elle sortait au printemps et il y avait des outils de jardin, une gazinière et pleins d'étagères sur le mur intérieur pour stocker les pots de fleurs. Le petit jardin de derrière était rectangulaire, et mon grand-père avait construit du côté du mur du fond deux cages avec de petites cabanes en ciment et un toit en tuile pour les chiens : les chiens de chasse. Il y en avait trois à une période, une chienne dont je ne connais pas la race et deux épagneuls bretons. Je me souviens de mon grand-père qui leur préparait leur soupe dans un seau avec de la viande mélangée à du pain et de l'eau. Je crois que ce jardin, à part quelques fleurs, servait à faire pousser les herbes aromatiques pour la cuisine : persil, ciboulette etc.
Le garage était carré avec un poteau au milieu qui servait de séparation. Quand on rentrait par la porte qui servait à garer la voiture, à gauche on avait un stockage de deux tonneaux en fer de 200 litres allongés sur des palettes, qui servaient à arroser la cour devant, et à côté des tonnes de seaux d'eau et quelques tuyaux. Juste après ça, il y avait la scie à bois faite maison, des vélos étaient pendus contre le mur et encore après dans l'angle du mur on mettait le bois pour l'hiver. A droite du bois, avant la porte qui menait au jardin de derrière se trouvait un meuble, je crois, avec diverses bricoles dedans. Passé la porte, côté droit se trouvaient deux gros congélateurs qui étaient au pied de l'escalier menant aux deux studios au premier. Escalier qui était donc à droite dans le garage presqu'au fond et qui remontait au centre des studios. Juste avant l'escalier, des toilettes, sur lesquelles on posait nos fesses et qui étaient froides à chaque fois, et où étaient entreposés aussi quelques bouquins. Au lieu de monter aux toilettes des fois dans la salle de bain de la maison, il était plus facile d'aller dans celles du garage, surtout en cas d'urgence. Avant les toilettes, était emmurée une cuve à fioul, que mes grands-parents faisaient remplir au cours de l'année. Devant le mur de celle-ci il y avait le billot, une table de boucher pour découper la viande mais qui ne servait pas à ça. Je n'ai jamais su pourquoi mon grand-père avait ça étant donné qu'il avait passé la majeure partie de sa vie boulanger. A gauche de cette table, des étagères, sur le billot des cagettes et un étau pour bricoler. Quand on rentrait dans le garage par la porte piéton, le mur de la cuve était en face, donc on tournait à gauche et on se retrouvait avec à droite le billot et à gauche un petit lavabo et un robinet contre le mur, où était branché un tuyau pour arroser les plantes de la cour mais aussi le petit jardin de derrière. Le plafond du garage avait été isolé pour les studios par d'épaisses plaques de polystyrène et mon grand-père avait fait un système pour pendre la grosse échelle, au-dessus de la voiture, qui servait dans les jardins et les vergers qu'il possédait.
Quand on est dans la cour, à droite à côté du terre-plein de fleurs, le reste du bâtiment du garage se compose en bas d'une petite cave et au-dessus de la salle de bain de la maison. La cave de la maison est un endroit important de la maison, un peu culte. Il y avait une marche pour y descendre. A l'intérieur, une longue étagère de chaque côté. Sur le côté droit des boîtes de fer de toutes sortes où étaient stockés des vis, des clous, des boulons et beaucoup de bric-à-brac et d'outils, et en dessous de celle-ci, du bazar. Sur l'étagère de gauche, plus d'outils que d'autres choses je crois et surtout au fond, une petite cage pour le fromage du grand-père. En dessous se trouvaient des rayonnages en fer ou en bois pour les bouteilles de vin. Au fond à droite de la cave il y avait la place pour des petits tonneaux. Cette cave servait surtout pour le casse-croûte du matin, boire un coup avec les copains, discuter jardin, chasse ou autre.
A droite de la cour enfin, la maison. Cette maison était un ancien cuvage, donc avec un plafond en voûte. On entrait déjà en premier dans "l'entrée", toute vitrée. Il y avait un meuble à gauche avec des plantes et des bibelots et ou ma grand-mère rangeait tous les torchons, serviettes, serviettes de table et mouchoirs de la maison sur des étagères, et il y en avait un paquet !! Deux tiroirs avec du scotch, des tournevis et des bricoles. A droite, en entrant, se tenait le porte-manteau familial, avec quelques plantes je crois, puis un petit passage au milieu pour une cave, qui, en fin de vie, s'est transformée en toilettes pour éviter que ma grand-mère ne court pas trop loin, et contre les deuxièmes doubles portes de la cuisine, une plaque de marbre soutenu par un cadre en fer noir ou étaient cachées en dessous les deux bouteilles de gaz de la maison, cachées par des rideaux.
Vient enfin la cuisine, qui était tout en longueur et qui servait aussi de salon. Il y avait une table au centre pour au moins 8 personnes, à gauche en entrant, derrière la porte ouverte, un petit escalier très très abrupte et mal fait pour monter au premier, puis un géant buffet deux corps de cuisine comme on en trouve que chez les grands-mères pour la vaisselle. Comme le plafond était voûté, il était éloigné du mur pour laisser un passage derrière pour d'autres petits meubles pour stocker les papiers de la maison, une boîte à couture et d'autres porte-manteaux. Après ça se trouvait la maie, un ancien meuble pour stocker la farine mais qui servait à autre chose, ensuite un canapé trois places puis dans le petit coin de la pièce se trouvait le tourne disque ou une radio et un meuble pour ranger les disques. Au fond ensuite un autre grand buffet deux corps encore où il y avait tous les verres et digestifs de fin de repas et encore de la vaisselle, surtout des plats de repas de fête. Au milieu se trouvait la fenêtre, au-dessus d'un grand radiateur et devant lequel étaient alignées trois chaises et à droite un buffet bas avec encore des plats à l'intérieur, le sucre, le café et les gâteaux puis la télé dessus. A droite en entrant dans la cuisine se trouvaient : une petite table pour le micro-onde et la cafetière, puis l'évier, suivi de la machine à laver, de la gazinière, du poêle, un espace pour stocker le bois, le frigo et un autre petit meuble pour le téléphone, le "bottin" et d'autres papiers. Le bottin, pour des jeunes qui ne le sauraient pas, c'est l'annuaire qui permettait d'avoir les numéros de téléphone de tout le monde, c'est internet, mais avec du papier, et sans les images !! Il y avait un annuaire téléphonique des PTT (Poste, télégraphes et téléphones) par département. Tu cherchais le nom de la personne et tu trouvais le numéro. C'est à cette époque là qu'on faisait encore marcher notre mémoire, il fallait se rappeler de tous les numéros de téléphones de la famille par coeur. Et quand tu étais perdu, il fallait trouver une cabine téléphonique et avoir de la monnaie. Dans le prolongement de la grande table, ma tante avait offert à mes grands-parents deux gros fauteuils en cuir qui permettaient de soutenir les jambes, et il y avait une table devant aussi avec de la lecture. Après le repas, le soir venu, c'est là que mes grands-parents s'installaient pour regarder la télé ou lire.
Dans la cour, sur le côté droit de la maison, il y avait un grand escalier qui menait sur un balcon au premier étage. Parce qu'à l'époque, il n'y avait pas d'escalier intérieur. Du coup cette maison avait été refaite avec la salle de bain au bout du balcon, côté bâtiment du garage, en passant par dehors. Merci les hivers avec les pieds dans la neige juste pour aller se laver ou aller aux toilettes. De plus, il y avait des escaliers pour descendre dans la salle de bain car ce n'était pas au même niveau. Au milieu du balcon, une porte entrait dans la grande chambre avec une grande armoire sur la gauche pour le linge, un petit lit à droite avec une table de chevet et une lampe de chaque côté, puis un grand lit. En face, la porte de la chambre des grands-parents et après le buffet à gauche, l'entrée d'une autre petite chambre. C'était la chambre de mon oncle, avec une fenêtre côté balcon, sous laquelle se trouvait le lit, et au pied de celui-ci une étagère à gauche avec des tonnes de livres et BD et au fond un placard encastré avec trois portes. Quand on ouvrait ou refermait les portes de ce placard, ça faisait un clic à chaque fois, c’était des aimants qui aimantaient les portes. C’était un son distinct familier qu’on enregistre facilement en mémoire. A droite du lit il y avait un meuble pour les souvenirs, photos, papiers etc. Sur chaque meuble de la maison, la grand-mère avait posé des photos, bibelots et autres souvenirs. J'ai dormi pas mal de fois dans cette chambre et ce que j'aimais bien, c'est cette petite vierge en plastique que je mettais sur la table de chevet. On la passait sur l'ampoule de la lampe et elle s'éclairait la nuit, elle était phosphorescente et toute verte. Dans cette chambre là par la suite, pour éviter de sortir de la maison, le lit a été enlevé et en dessous l'escalier de la cuisine a été construit par Robert, un copain du grand-père, qui tenait autant à l'alcool que mon père. Sur les propos de ma grand-mère, c'était un pauvre bougre gentil comme tout qui nous a bien aidé, et qui malheureusement est mort de la boisson.
En plus de l'escalier de la chambre, le balcon a aussi été couvert et fermé. C'était pas bien isolé mais on avait moins froid l'hiver pour aller à la salle de bain. En haut à gauche du balcon, sur le mur de la maison, il y avait la porte du grenier. Un grand grenier où on tenait debout dedans, avec plein de toiles d'araignées sous le toit qu'on enlevait de temps en temps et qui servait à stocker un peu le bazar de qui voulait bien en mettre, pour la famille, et des vieilleries de notre enfance et bien d'autres bricoles. Aux poutres étaient pendues des nasses, des affaires de pêche qui dataient de "mathusalem" et bien d'autres choses. La chambre de mes grands-parents au premier était simple, un lit double à gauche en entrant avec deux tables de chevet, et à droite deux armoires et un autre meuble pour le téléphone avec une chaise. Tout l'étage était rempli de moquette et ma grand-mère était très forte en ménage. Il n'y avait jamais de poussière, les lits étaient fait au carré et il était interdit de sauter dessus. Les chambres n'étaient pas faites pour jouer. Qu'est-ce que j'ai pu y dormir là-bas, avec ma soeur ou mes cousines. Mon grand-père dormait en chemise de nuit, côté porte dans sa chambre, et il ronflait comme un tracteur. Si on faisait du bruit, il arrivait avec la verge (petite branche de noisetier qu'il ne valait mieux pas se prendre sur les fesses) et il mettait des coups sur le lit sur nos pieds en dessous des draps.
Cette maison c'était MA maison. Pas seulement là où je venais les week-end et les vacances. C'était chez moi, la maison de mon enfance. On entendait chaque heure sonner avec les cloches de l'église, les angélus, la sirène pour le premier mercredi ou samedi du mois. Mes grands-parents avaient un papier pour exploiter un puits qui se trouvait sous une plaque de ciment à gauche du portail devant la maison du voisin. On pompait de l'eau dedans pour faire le remplissage des tonneaux et seaux du garage pour arroser les plantes. Ma grand-mère me demandait souvent de les aider à arroser et aussi de couper les roses fanées sur le mur en entrant le long du portail. Je jouais aux petites voitures ou aux billes, étant petit, entre les dalles de la cour, ça faisait des petites routes, je faisais du cheval à bascule ou du tir aux pigeons avec une carabine à flèche.
Avant l'hiver, mon grand père se faisait livrer du bois, je ne sais plus combien de stères, une remorque pleine de bûches de 1m au moins qu'il fallait scier et rentrer dans le fond du garage. On sortait la scie circulaire que mon oncle lui avait faite, et pépé sciait les bûches devant le portail que la remorque avait vidé là. Il passait un bloc de graisse dure sur la courroie de la scie et en avant. Moi je rangeais le bois. Il fallait faire de belles piles bien rangées, et surtout qui ne s’écroulent pas toutes seules. Pépé coupait tout ça pour avoir la bonne taille pour que ça rentre dans le poêle de la grand-mère. J’avais peur qu’il se coupe une main.
Ma grand-mère adorait les fleurs. Je ne dirais pas ici quelles sortes de fleurs elle mettait, ne les connaissant pas toutes moi-même mais quand venait le printemps, on sortait tous les pots, du couloir de derrière le garage et d'autres endroits, et la grand-mère semait les graines et faisait repartir les fleurs de l'année d'avant. Une fois que tout était poussé, la cour était remplie de fleurs de toutes les couleurs. Il y avait des odeurs de fleurs de partout. A gauche en entrant dans la cour et sur le mur d'en face, il y avait des roues de charrettes avec des pots de fleurs dessus. C'était magnifique, ma grand-mère avait la main verte.